Rencontre avec… Valérie Pécresse : « Je veux une région conquérante, exemplaire et réconciliée »

Les dernières élections régionales ont conduit une femme de caractère à l’expérience incontestable à la tête de  la première région de France. Quelques mois après son élection, les impressions de la nouvelle Présidente.

Présidente nouvellement élue, quel a été le premier dossier que vous avez eu à traiter ?

Ma première urgence a été financière pour sauver le Pass Navigo à tarif unique. La Gauche l’a fait voter quelques mois avant l’élection avec une arrière-pensée électoraliste, mais cette mesure n’était absolument pas financée. Il y a avait une impasse financière de 300 millions d’euros par an, dont il fallait sortir immédiatement. J’ai demandé au Premier Ministre qui a soutenu cette mesure de contribuer à son financement, en complément des économies que j’ai fait voter avant l’été : lutte contre la fraude des transports, suppression de la réduction de 75% dans les transports pour les étrangers en situation irrégulière et leur famille.

Quels sont aujourd’hui vos dossiers prioritaires pour la Région ?

Mes priorités pour la Région Ile de France sont l’emploi et la sécurité des Franciliens. Il est essentiel de rétablir les budgets consacrés à la sécurité que la Gauche a considérablement diminués en les faisant passer de 44 à 9 millions d’euros en dix ans. Sur le front de l’emploi, je n’accepte pas que l’Ile-de-France, première région de France compte actuellement 700 000 chômeurs, alors que 100 000 emplois ne sont pas pourvus dans notre région. L’Ile de France doit être la Région la plus innovant d’Europe et miser sur le soutien à nos entreprises et sur le développement de l’apprentissage et d’une offre de formation adaptée aux métiers d’avenir. Il est essentiel d’identifier les filières d’avenir, les besoins de recrutement et d’encourager l’alternance à tous les niveaux, notamment par le biais de l’apprentissage.

La situation créé par les attentats récents a-t-telle modifiée certains de vos projets ?

Dès le lancement de ma campagne pour la présidence de la Région, j’avais fait de la sécurité l’un des axes majeurs de mon projet. Les attentats de 2015 et de 2016, n’ont fait que renforcer ma détermination à mettre en place un véritable « bouclier de sécurité » pour protéger les Franciliens. J’ai convaincu le gouvernement de la nécessité de mettre en place la police régionale des transports, y compris dans les bus. Il a accepté de mettre sur ce sujet en discussion. Je veux réactiver la convention qui existe entre la région Ile-de-France et le ministère de l’Intérieur et rétablir notre budget sécurité. Si je n’ai pas toutes les clés en la matière, j’en ai quelques unes et la Région doit être là par exemple pour aider au financement de l’équipement des forces de l’ordre, en aidant les théâtres et les lycées désireux d’installer des portiques, des clôtures ou encore de la vidéo-protection.

Vous avez fait de l’éthique et de la réconciliation de la Région un des thèmes de votre campagne, pourriez-vous nous rappeler ce que cela signifie pour vous ?

Aujourd’hui plus que jamais, les Franciliens et plus globalement les Français demandent de leurs politiques qu’ils fassent de la politique autrement et qu’ils s’engagent à 100%. C’est la raison pour laquelle j’ai démissionnée de mon mandat de députée. Je veux être la Présidente d’une Région exemplaire et irréprochable. Je vous rappelle qu’au début de ma campagne, j’ai demandé à tous mes colistiers de signer une charte d’éthique et de transparence exigeante pour rétablir la confiance entre les Franciliens et leurs élus.

Dans votre dispositif régional, comment voyez-vous le rôle des communes et de leurs représentants ?

Je travaille main dans la main, quotidiennement avec toutes les communes de la région. Les maires sont les derniers élus à échapper à la défiance des Français envers les politiques. Leur ancrage local et leur implication dans la vie quotidienne de leurs administrés leur assurent une fonction de proximité et de cohésion indispensable. Les communes et les départements, quelles que soient leurs appartenances politiques, sont malmenés par le Gouvernement qui réduit un peu plus chaque année les dotations de l’Etat. Je veux que la région soit un véritable partenaire sur lequel peuvent compter les communes.

Vous êtes l’une des personnalités les plus respectées et l’une de celles avec lesquelles il faut compter pour l’avenir. Quelles sont vos ambitions ?

Je n’ai qu’une seule ambition, celle d’être la présidente d’une des plus belles régions d’Europe à temps plein. Après onze années passées sur les bancs de l’opposition régionale, je suis désormais élue pour faire de cette région la fabrique des nouvelles pratiques politiques. Les Franciliens aspirent aux changements, je veux les leur apporter.

Comment voyez-vous l’Ile-de-France en 2021 ?

Aujourd’hui on vit moins bien en Ile-de-France qu’il y a dix ans. D’ailleurs 8 franciliens sur 10 souhaitent quitter la région, selon une enquête d’opinion récente. Je mettrai toute mon énergie pour inverser cette tendance et pour que la région se développe économiquement parlant, mais également en terme de qualité de vie. Je la rêve conquérante, exemplaire et réconciliée. Je veux une région qui soit moteur de croissance, avec des transports modernes et sûrs, où il serait plus simple et moins onéreux de se loger, où la qualité de l’air serait meilleure et où les routes seraient moins embouteillées.

 

Propos recueillis par Christophe Ragué

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