Michel Delpech… C’était bien à Chatou

Chanteur de charme à l’intelligence et au charisme ravageur, Michel Delpech était le chanteur de la société, de la vie, des gens, des autres, des amis, des sentiments. Un chanteur populaire dont les textes des chansons s’inspiraient souvent de sa propre vie. Catovien de cœur et de vie pendant plusieurs années il ne regrettait pas d’habiter ici comme en témoigne la chanson « Dans Chatou qui dort » qu’il a écrite et chantée en 2003.

C’est une ville sans péripéties

Avec des bars et des boulangeries

Y’a pas d’grand canal ni d’ pont suspendu

Mais les fins d’semaine ça vit un peu plus

On entend les tondeuses sur les pelouses

Les bergers allemands, les enfants qui jouent

C’est une petite ville endormie

Mais j’ai pas d’regrets de vivre ici

Puisque tu y vis aussi

Dans Chatou qui dort tu brilles en silence

Comme une pépite d’or, j’adore ta présence

Tu es dans les draps, tu veux du café

Alors je t’en fais, dans Chatou qui dort

J’ pense à tous ceux qui ont la folie

D’ laver les rivières d’Amazonie

J’ comprends leur fièvre, leur déraison

J’aurais fait pour te trouver

Le sale boulot qu’ils font

Dans Chatou qui dort tu brilles en silence

Comme une pépite d’or, j’adore ta présence

Tu es dans les draps, tu veux du café

Alors je t’en fais, dans Chatou qui dort

Tu es dans les draps, tu veux du café

Alors je t’en fais, dans Chatou qui dort

« Dans Chatou qui dort » extraits 2003

Humilité, gentillesse, simplicité, spontanéité, discrétion, perfectionnisme les qualificatifs des célébrités ou des hommes et femmes de la rue sont unanimes pour évoquer le chanteur qui s’est éteint aux premiers jours de 2016.

Un succès fulgurant

Vedette dès l’âge de 18 ans, à peine sortie du lycée, Michel Delpech va rapidement imposer sa petite musique à lui. Il sera sans doute un peu envouté par une vie excessive qu’il qualifie toutefois lui-même de créative et d’heureuse. Eloigné des yés-yés alors à en vogue Delpech envahit les ondes en 1966 avec «Inventaire 66». Il se produit en ouverture de Brel à l’Olympia, qui faisant lui ses adieux au Music Hall. En 1969, Delpech est numéro un des radios avec une chanson et qui évoque la jeunesse et le rock. «Wight is Wight »

Le succès semble sans fin : «Les Divorcés» en 73, suivi de «Que Marianne était jolie». En 74 «Le Chasseur» enflamme le public, tout comme «Quand j’étais chanteur» en 75 et « Le Loir-et-Cher » en 76.

Chroniqueur de son temps, malicieux sans en avoir l’air, tout semble lui sourire.

Pourtant cette vie à perdre haleine va connaître un arrêt brutal à la fin des années 70. Une dépression, que l’on qualifierait peut être aujourd’hui de « burn out » va l’éloigner de la scène pendant plusieurs années.

Mais, son public qui lui reste fidèle et l’amour qui sauve de tout vont lui permettre de retrouver progressivement le chemin du succès. Les nouveaux albums s’enchainent avec plus ou moins de réussite mais avec persévérance : En 85 « Loin d’ici », en 89 une compilation de ses plus gros succès, en 92 « Les voix du Brésil ». Ses retrouvailles avec la scène mythique de l’Olympia en 1992 après vingt ans d’absence marqueront une vraie renaissance.

Une ligne de conduite : l’élégance

Une nouvelle génération de chanteurs dans les années 2000 lui donne un nouveau cap créatif. Et c’est son album « Comme vous » sorti fin 2004 qui lui donne l’occasion d’un vrai retour sur le devant de la scène avec de nouvelles chansons.

Benabar, Cali, Clarika, Carlotti, des affinités se créent avec ces voix nouvelles mais d’autres se retrouvent avec Souchon, Clerc, Cabrel, Jonasz, Voulzy. Elles lui donnent cette flamme, cette âme qui le conduiront avec un album de duos à se retrouver en 2006 numéro 1 des ventes depuis trente ans.

En 2009 ses chansons et son album « Sexa » parlent d’amour, de fraternité, de paix, de pardon… des thèmes qui lui sont chers et qu’il traduira, sur un mode quasi autobiographique de manière sincère et emprunte d’humanité, sur des sons de cuivre chaleureux et d’électro feutrée.

L’homme marqué par la spiritualité n’était toutefois pas un saint. Assumant ses failles, partageant son expérience avec humilité il n’a eu de cesse d’évoquer son époque avec émotion et conviction, porté par des mélodies qui restent dans toutes les têtes.

Celui qui disait « n’importe quel artiste a envie que sa musique soit vivante», telle une prémonition, consacre sa dernière chanson écrite en 2008, sortie en 2014 « la chanson d’Abraham », à la maladie et à la mort. Mais c’est un livre qui restera son dernier témoignage. Son titre claque comme une profession de foi, un cri d’éternel espoir « Vivre ».

 

Christophe Ragué

 

Bio et discographie express

  • 26 janvier 1946 Naissance à Courbevoie
  • 1965 Premier succès : Chez Laurette
  • 1968 Wight is Whight ; Pour un flirt
  • 1973 Les Divorcés ; Que Marianne était jolie
  • 1975 Quand j’étais chanteur
  • 1977 Le Loir-et-Cher
  • 2006 Numéro un des ventes avec l’album « Delpech & »
  • 2015 Un livre : « Vivre »

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